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MaRS Innovation repense le modèle de commercialisation

 

Le monde entier – et plus particulièrement les investisseurs étrangers – a les yeux tournés vers MaRS Innovation (MI) et le nouveau modèle qu’il a mis au point pour relever les trois plus importants défis des premières étapes de la commercialisation, à savoir générer un flux d’affaires continu, financer de jeunes entreprises et recruter des entrepreneurs chevronnés.

« Ce sont les trois piliers de la commercialisation : le produit, c’est-à-dire le flux d’affaires et la propriété intellectuelle; le financement; et une équipe de direction expérimentée », affirme le président-directeur général de MI, Raphael Hofstein.

MI est un centre d’excellence en commercialisation et en recherche (CECR) qui a été fondé en 2008 dans le but d’améliorer la manière dont les découvertes issues des établissements postsecondaires de la grande région de Toronto, l’un des plus grands centres d’innovation au monde, donnent lieu à la création de produits et services, d’entreprises concurrentielles à l’échelle mondiale et d’emplois hautement spécialisés. Alliant l’accélération de technologies et le financement de démarrage, le modèle novateur de MI a permis de récolter 150 millions de dollars en nouveaux investissements et de créer 300 emplois et 40 entreprises en Ontario.

« Faire affaire avec MI, c’était un peu comme travailler avec un bailleur de fonds de démarrage; c’est assez facile de travailler avec lui », soutient le directeur principal des investissements à Takeda Ventures Inc., Ilan Zipkin. Établie à Palo Alto, en Californie (États-Unis), Takeda Ventures Inc. est la filiale de capital-risque de la Takeda Pharmaceutical Company, dont le siège social est au Japon.

Tout investisseur providentiel ou investisseur en capital-risque vous le dira : un des éléments clés du succès, c’est l’afflux constant d’occasions d’affaires prometteuses. Il est difficile pour une seule université, même une université de la taille de la University of Toronto, qui se classe parmi les chefs de file en matière de déclaration d’inventions en Amérique du Nord, d’atteindre le flux d’affaires critique.

Si, au cours d’une bonne année, une grande université peut repérer une centaine de découvertes prometteuses, environ dix d’entre elles seront retenues pour être développées et une ou deux seulement feront l’objet d’une licence ou d’une entreprise dérivée.

« Je tire mon chapeau à quiconque réussira à bâtir une entreprise viable avec deux occasions d’affaires par année, lance M. Hofstein. C’est la raison pour laquelle nous avons fondé MI. Nous avons trouvé le juste équilibre entre la quantité et la qualité. Le modèle révolutionne la manière de relever les défis que pose le traditionnel transfert des technologies à partir du milieu universitaire; c’est un exemple à suivre. » Plusieurs délégations internationales, notamment des États-Unis, du Japon et du Royaume-Uni, ont visité les installations de MI pour se renseigner sur le modèle.

MI est la plus importante initiative de commercialisation en son genre au Canada. Il sert de passerelle aux investisseurs et aux titulaires de licence qui souhaitent avoir accès à la propriété intellectuelle issue de 15 universités, hôpitaux et instituts de recherche de la région de Toronto qui est la plus prometteuse sur le plan commercial. Le modèle génère un flux d’affaires fiable et simplifie la façon de promouvoir à la fois la technologie et sa rentabilité.

Le personnel de MI collabore avec le milieu universitaire, les secteurs public et privé, les investisseurs en capital-risque et les investisseurs providentiels pour commercialiser les inventions les plus prometteuses. À cette fin, il adopte un processus d’évaluation de la technologie qui repose sur une analyse de marché solide, des connaissances techniques et un sens aigu des affaires et qui comprend l’évaluation, le brevetage et la protection de la propriété intellectuelle ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’affaires. MI propose également de financer la démonstration des principes afin de préparer la technologie à l’obtention de financement supplémentaire (p. ex. des fonds de capital-risque de série A) et attire des investissements semblables à ceux observés aux États-Unis, soit de 10 à 30 millions de dollars, comparativement à moins de 5 millions de dollars pour la plupart des investissements de série A au Canada, en particulier pour les technologies de la santé.

« Nous élevons la grande région de Toronto au niveau des grands chefs de file, niveau comparable à celui des centres de Silicon Valley ou de Boston », poursuit M. Hofstein.

Les technologies éprouvées font l’objet de licences ou d’entreprises dérivées, souvent sous la direction du personnel de MI. Les droits de licence, les redevances et le rendement du capital-actions retournent à MI et à ses membres. Les autres inventions sont amalgamées ou réunies de façon à les rendre attrayantes aux yeux des investisseurs.

« Il n’y a pas beaucoup d’endroits dans le monde où règne un tel niveau de coopération et de collaboration au sein du milieu universitaire, insiste M. Hofstein. Cela permet à MI d’évaluer près de 300 inventions annuellement. Une quinzaine d’entre elles auront mené à la création d’une entreprise dérivée ou à l’obtention d’une licence à la fin de l’année, ce qui est suffisant pour monter un portefeuille très solide. Je crois sincèrement que c’est l’unique façon d’arriver à une commercialisation intéressante. »

Franchir la « vallée de la mort » du financement

L’approche écosystémique de MI en matière de financement de démarrage est un élément clé de son succès. Par exemple, MI a établi des partenariats stratégiques avec six grandes entreprises pharmaceutiques (Johnson & Johnson, GlaxoSmithKline, Pfizer, Merck, Baxter et LifeLabs) afin de repérer, de financer et de développer des technologies aux premiers stades. En échange de leur investissement, les partenaires obtiennent un aperçu des données du projet afin d’éclairer les futures discussions sur l’obtention d’une licence. Le financement des partenaires permet aussi d’obtenir des fonds d’autres sources, comme le gouvernement de l’Ontario ou Génome Canada.

« Nos partenariats stratégiques avec les entreprises répondent au manque de financement de prédémarrage au Canada – ce qu’on appelle la “vallée de la mort” entre la recherche et le marché – et réduisent le risque associé à l’avancement de la technologie, car ils permettent de partager les coûts avec les entreprises, explique M. Hostein. C’est aussi une occasion d’intéresser les entreprises aux premières étapes de nos travaux. »

En outre, MI obtient le financement et l’appui d’autres centres de commercialisation et accélérateurs, y compris trois CECR qu’il a aidé à établir : le Centre pour la commercialisation de la médecine régénératrice, le Centre for Commercialization of Antibodies and Biologics et Accel-Rx Health Sciences Accelerator, partenariat entre cinq CECR et BDC Capital qui offre jusqu’à 500 000 dollars en financement de démarrage.

En février 2016, Accel-Rx Health Sciences Accelerator, BDC Capital, MI et d’autres partenaires ont investi 2 millions de dollars dans ScarX Therapeutics, entreprise issue d’une découverte de MI et du Hospital for Sick Children de Toronto qui commercialise une crème topique disponible sur ordonnance. Conçue par le chirurgien orthopédiste Benjamin Alman, cette crème est censée traiter et prévenir les cicatrices résultant d’une intervention chirurgicale. L’investissement permettra à ScarX Therapeutics de procéder à l’essai clinique de phase I de son principal candidat, SCX-001, et de se qualifier pour un financement de série A.

Depuis sa fondation, MI a évalué plus de 1 500 divulgations de technologie, investi 22 millions de dollars dans 169 projets, obtenu 159 millions de dollars en investissements externes (dont 95 millions de dollars de l’étranger), créé 370 emplois, démarré 41 entreprises et commercialisé plus de 80 technologies dans plusieurs secteurs dont le développement de médicaments, le diagnostic moléculaire, les appareils médicaux, l’énergie solaire, le recyclage de l’eau et les applications mobiles. En vue d’atteindre l’autonomie, MI prend une participation de 25 % dans les entreprises de son portefeuille (en anglais), participation qui, une fois convertie en revenu, servira à financer ses activités et ses futurs investissements.

Fondée par Andrei Yudin de la University of Toronto en partenariat avec MI et le CQDM (Montréal), Encycle Therapeutics est une autre jeune entreprise torontoise du secteur des sciences de la vie qui fait partie du portefeuille de MI. Elle a développé un système unique de découverte de médicaments qui permet de synthétiser de façon rapide, économique et industrialisée de nouveaux médicaments macrocycliques administrés par voie orale afin de traiter les patients souffrant de maladies pour lesquelles il n’existe pas de médicaments, comme la maladie inflammatoire chronique de l’intestin et la fibrose.

En 2015, Encycle Therapeutics a terminé une ronde de financement de 3 millions de dollars à laquelle participaient entre autres Takeda Ventures Inc., Accel-Rx Health Sciences Accelerator, BDC Capital et MaRS par l’entremise de son fonds d’accélération de l’investissement.

« La promesse d’une technologie ne suffit pas à attirer les investisseurs, affirme le président-directeur général d’Encycle Therapeutics, Jeffrey Coull, entrepreneur et neuroscientifique. Le financement obtenu de MI et de quelques autres sources nous a permis de recueillir les données dont nous avions besoin pour obtenir un brevet et montrer aux investisseurs que la technologie est telle qu’on l’a décrit. » Ce financement de démarrage bonifie les chances de l’entreprise d’obtenir un financement supplémentaire de série A de 20 millions de dollars en 2016, financement qui lui permettrait de passer aux essais cliniques sur des humains.

M. Coull félicite MI de prévoir la participation de gestionnaires chevronnés – élément qui, selon M. Hofstein, est en général « bien plus important que la technologie elle-même » – et affirme que le centre aide à « atténuer le risque » en offrant aux cadres la chance de diriger d’autres entreprises du portefeuille de MI si la première entreprise dérivée échoue.

« MI a la stratégie gagnante, poursuit M. Coull. Celle-ci est axée sur les entrepreneurs et les petites entreprises et prévoit le développement de la technologie jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment mature pour faire l’objet d’une licence ou être transférée à une plus grande entreprise. »

M. Zipkin, de Takeda Ventures Inc., est du même avis : en faisant progresser la technologie, en protégeant la propriété intellectuelle et en faisant appel à une équipe de direction chevronnée, MI a rendu Encycle Therapeutics plus attrayante aux yeux des investisseurs. « Sans le fonds de démarrage, sans l’infrastructure et sans les gens, à MI, qui ont travaillé avec Andrei [Yudin] et les fondateurs pour monter une équipe, l’entreprise n’aurait peut-être pas vu le jour », conclut-il.

Le rendement de l’investissement pour bientôt

MI prévoit que ses principales entreprises et ses principaux actifs commenceront à générer un revenu notable en 2019, notamment sous forme de jalons et de versements de redevance de la part d’importants titulaires de licences comme GE Healthcare, GS Dunn, 3M, LapCorp et Pfizer. Une entreprise de biotechnologie du portefeuille de MI qui élabore un candidat principal pour traiter le myélome multiple, Triphase Accelerator Corp., devrait également commencer à rapporter d’ici 2019 grâce à son partenariat stratégique avec Celgene, entreprise biopharmaceutique internationale.

M. Hofstein se dit confiant de pouvoir compter sur l’appui continu des gouvernements provincial et fédéral jusqu’à ce que MI génère un revenu. « Notre objectif ultime est de devenir autonome sur le plan financier, mais nous devrons, pour y parvenir, pouvoir compter sur des investissements fédéraux soutenus au cours des cinq à dix prochaines années, conclut-il. Notre flux d’affaires est établi et il ne tardera pas à produire des résultats. Le modèle fonctionne et nous le prouvons tous les jours. »